29/03/2011

Encore du Bieber, Toujours du Bieber

Un article de Mediapart cette fois ci !

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Comme prévu, la vidéo “Baby” de Justin Bieber, mise en ligne le 19 février 2010 sur la chaîne officielle du jeune chanteur sur YouTube, vient de dépasser ce matin le demi-milliard de vues. Vidéo la plus vue et la plus commentée sur la plate-forme (4.276.179 commentaires), elle présente également la particularité d’afficher 1.146.731 dislike, soit le double du nombre de like (576.987).
Comme il semble loin, le temps où l’on surveillait comme le lait sur le feu le nombre de vues sur les plates-formes visuelles, s’extasiant de voir une vidéo militante dépasser pour la première fois le million de vues (2006), comparant les 10 millions de vues de la séquence pirate “Sarkozy au G8” à l’étiage des grandes audiences télé (2007), ou qualifiant de «plus grand phénomène viral de tous les temps» les 21 millions de vues de Susan Boyle (2009).

Ces chiffres qui paraissaient alors faramineux, mais qui ne faisaient qu’annoncer le rythme de fréquentation régulier de la plate-forme, ont été éclipsés depuis par les scores atteints par les vidéos de Lady Gaga, David Guetta ou Evian Roller Babies, contenus mis en ligne par les maisons de production dans le cadre de campagnes tout ce qu’il y a d’officiel, dont les dizaines de millions de clics ont vite cessé de paraître significatifs. YouTube a glissé sous le tapis la recherche des contenus par le nombre de vues absolu, effaçant la trace de ses vieux succès amateurs (Charlie bit my finger, 296 millions de vues; Evolution of Dance, 168 millions de vues), la presse a cessé de faire ses titres sur “la vidéo qui buzze”. Ce que j’appelais “le temps du buzz” dans “L’image partagée” n’aura été que la métaphore temporaire de la conquête par le web de l’économie de l’attention.

Au moment où les pratiques en ligne se normalisent (et où les audiences télé reprennent du poil de la bête), on retiendra du cas Justin Bieber que la fréquentation n’est qu’un indicateur partiel de l’attractivité d’un contenu. Eu égard à la proportion des dislike ou des commentaires agressifs, la question de savoir si l’audience remarquable de la vidéo n’est pas la marque de l’antipathie plus que de l’affection ouvre des horizons nouveaux à la recherche sur la réception.

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