17/02/2011

Message à caractère informatif….


D’un geste, il tente de se lever, mais, le souffle coupé, il s’abstient finalement.
Dans cette rue pittoresque du 11 e arrondissement de Paris, Gaston est las. Il est de celui dont on reconnait qu’il a vécu, et dont on peut déjà savoir qu’il n’en pense pas moins. Des années durant, il a arpenté ce quartier qu’il a vu changer comme on accueille, défaitiste, les rides sur les surfaces polies des miroirs spéculaires.
La maison des métallos lui faisant face, il s’attarde sur les derniers rayons du soleil réveillant pour un temps encore, les couleurs vives de ce symbole du syndicalisme ouvrier devenu depuis sa rénovation un théâtre de ville.  
« Saloperie d’embourgeoisement du quartier », se dit Gaston. Personne malheureusement pour le contredire…
Assis à sa place habituelle, la première qui passe à l’ombre de la journée, cet ancien restaurateur à la retraite aime à se croire réac mais pas trop, et fondamentalement de gauche. Aussi pour que tout le monde le sache bien, il garde sur le retour de sa veste, un badge de la grande époque et ne commande que des cafés bien noirs qu’il appelle « petit nègre ».
Un passant reconnaîtrait Gaston, à son teint hâlé et à ses larges épaules. Il remarquerait peut-être ses pates d’oie au coin des yeux, et ses dents jaunâtres pour cause d’alcaloïdes trop fréquemment consommés. En étant plus attentif, il pourrait voir ses mains qui tremblent d’avoir trop donné… Et qui sait ce qu’il verrait d’autre…et si ce qu’il verrait lui plairait…
Mais ça ! Gaston s’en fou !
« On sait bien que tout ça c'est du guignol
Suspendu au crochet du boucher
Alors ne traînons pas qu'on en rigole
De cette mascarade empaquetée
Que nous livre la bonne société
Le reste n'est qu'affaire de branquignoles
                   Y a toujours eu les uns et puis les autres

Y aura toujours du pain pas pour les autres
La miche bien dorée moi j'en raffole

Car j'ai dans mon placard un gros pactole
D'histoires qu'il est temps de débroussailler
Avant qu'ils ne m'affublent en camisole
Dans cette bouillabaisse faisandée
On s'est mis dans une foutue purée
Le nez pas dans le vent mais dans la colle
Alors on s'invita dans l'au-delà
On rêvera même s'il ne faut pas
Mais on ne loupera pas la farandole…dole dol…. 
»

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